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Le point sur la bilharziose « Corse » Il y a 1 an, une alerte était lancée devant le diagnostic de plusieurs cas de bilharzioses chez des patients qui avaient comme seul facteur de risque, un contact avec la rivière Cavu (Corse du Sud) durant les étés 2011 à 2013.

La bilharziose est une parasitose largement répandue en zone tropicale où elle touche 200 millions de personnes avec 300 000 décès par an. La contamination se fait par contact avec de l’eau douce stagnante. Six espèces sont pathogènes pour l’homme (cf. tableau). Le cycle implique un mollusque comme hôte intermédiaire (cf. figure).

Tableau : Bilharzioses pathogènes pour l’homme
RépartitionPathogénicitéPrélèvement
pour diagnostic direct
S. haematobiumAfrique,
Moyen Orient
Hématurie, cystite, stérilitéUrines, biopsies vésicales ou rectales
S. mansoniAfrique,
Amérique centrale
et du Sud, Antilles
Crises diarrhéiques, douleurs coliquesSelles, biopsies rectales
S. intercalatum / S. guineensisAfrique centraleTenesme, rectorragiesSelles, biopsies rectales
S. japonicum / S. mekongiAsiehypertension portale précoceSelles
Cycle de développement de la bilharziose (© Centers for Disease Control and prevention CDC)
Figure : Cycle de développement de la bilharziose (© Centers for Disease Control and prevention CDC)

Lors du dernier congrès de la Société Française de Parasitologie, le Pr. Antoine Berry (laboratoire de parasitologie, CHU de Toulouse) et Jérome Boissier (Ecologie et Evolution des Interactions CNRS, Perpignan) ont fait le point sur l’épidémie de bilharziose qui a sévit en Corse.

Carte d'après Berry A et al Schistosomiasis haematobium, Corsica, France. EID, 2014 ; 20 :1595-1597
Carte d’après Berry A et al Schistosomiasis haematobium, Corsica, France. EID, 2014 ; 20 :1595-1597

En voici un résumé : En avril 2014, simultanément à Düsseldorf et Toulouse était porté devant des hématuries inexpliquées le diagnostic de bilharziose urinaire chez 2 fillettes. Des membres de leur famille avaient également une sérologie positive. Après enquête, il s’avère que tous se sont baignés dans la rivière Cavu (cf carte). L’hôte intermédiaire (bulin) est largement retrouvé dans la rivière où dans les vasques la température est > 25° en été. Cette rivière est très fréquentée (3 à 5000 personnes / jour en été). La DGS (secondée par l’INVS et les ARS) lance en juin 2014 une campagne d’information et recommande un dépistage sérologique à toutes les personnes ayant eu un contact cutané avec l’eau du Cavu entre 2011 et 2013.

A ce jour, 50 000 sérologies ont du être réalisées (toutes origines confondues) et plus de 110 cas ont été diagnostiqués. Il ressort de ces cas que :

  • Le parasite en cause est un hybride entre S. haematobium et S. bovis. On suspecte une origine sénégalaise (où cet hybride est majoritaire)
  • Tous les cas se sont baignés dans le Cavu en 2013
  • 1/3 des patients est symptomatique : le dépistage systématique est donc indispensable.
  • La recherche des œufs dans les urines n’est positive que dans 24% des cas
  • L’hyper éosinophilie n’est présente que dans 40% des cas
  • La stratégie diagnostique associant 2 tests de dépistage (hémagglutination et ELISA) s’est révélée indispensable ; des faux négatifs existant dans tous les tests.
  • La technique de confirmation par Western blot a du évoluer car elle pouvait être en défaut avec cet hybride : un test utilisant S. haematobium et S. mansoni est maintenant utilisé.
  • La baignade devrait de nouveau être autorisée en 2015 après installation de toilettes à proximité du site.

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Article revu en Août 2017