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Pictogramme horloge Septembre 2015

Les transmissions materno-fœtales d’arboviroses sont reconnues. Elles concernent la dengue, l’encéphalite japonaise, les infections à virus West Nile et les infections à virus Chikungunya. La pathogénie ne peut que s’étendre par suite de la recrudescence mondiale des arboviroses transmises par des moustiques. Certains arbovirus appartenant aux genres Flavivirus et Alphavirus sont capables de franchir la barrière placentaire chez un petit nombre de femmes enceintes.

Aedes aegypti aux Antilles et Aedes albopictus en France métropolitaine et à la Réunion sont les vecteurs de la dengue et du Chikungunya. Ces moustiques piquent la journée en extérieur, et principalement à l’aube et au crépuscule.

La grossesse est concernée quelque en soit le terme, mais, d’une façon générale, les transmissions maternofoetales d’arbovirus en début de grossesse sont rares mais sévères, et celle de fin de grossesse sont beaucoup plus fréquentes et moins sévères. L’accouchement en période de virémie maternelle est à haut risque de transmission au nouveau-né.

La dengue

Les quatre flavivirus de la dengue (DEN 1, DEN 2, DEN 3 et DEN 4) sont capables de perturber la grossesse et de menacer la vie de l’enfant à naître.

La présentation clinique chez la femme enceinte n’est pas différente de la forme habituelle (fièvre brutale et élevée, durant de 2 à 7 jours avec syndrome algique diffus, exanthème et pétéchies)). Pendant la grossesse et jusqu’à quelques jours avant l’accouchement, la dengue maternelle se présente sous la forme habituelle de la dengue (fièvre brutale élevée avec syndrome algique et hémorragique) à laquelle se surajoute l’exacerbation de complications de la grossesse : thrombopénie, hémolyse, élévation des enzymes hépatiques.

Les conséquences obstétricales sont essentiellement les suivantes :

  • Un taux plus élevé de fausse couche spontanée au 1er trimestre, et un taux plus élevé de mort fœtale in utéro (13 % versus 1.8 % dans la population générale)
  • Il n’y a pas d’effets tératogènes rapportés
  • Un taux plus élevé d’accouchement prématuré (21 % versus 11.5 % dans la population générale)
  • Un risque accru d’hémorragies utérines en phase aigue à l’accouchement La dengue congénitale est due à la transmission transplacentaire du virus dans les jours précédant l’accouchement (transmission directe du virus à l’enfant ).

La dengue congénitale est décrite en zone d’endémie. Chez le nouveau-né, les premiers signes surviennent entre le 1er et le 11° jour et la durée des signes varie de 1 à 5 jours. Les signes chez l’enfant sont très variables pouvant aller de formes asymptomatiques, à des formes classiques de dengue : fièvre élevée pouvant s’accompagner de thrombopénies, à des formes graves avec détresse respiratoires ou défaillance hémodynamiques pouvant aller jusqu’à la mort du nouveau-né.
Les anticorps maternels passent la barrière placentaire et sont protecteurs jusqu’au 6 ème mois de l’enfant
La protection individuelle contre les moustiques est le seul moyen de prévention efficace à ce jour. Un vaccin est sur le point d’être commercialisé.

Le Chikungunya

L’alpha virus responsable de Chikungunya est transmis également par piqûre du moustique Aedes. Ce virus peut être transmis pendant la grossesse de la mère à l’enfant. La transmission materno-foetale avant la 22 eme semaine d’aménorrhée est très rare, et peut être objectivée par RT-PCR sur le liquide amniotique. Le pronostic est alors défavorable avec un risque élevé de mort fœtale in utéro. Au-delà de 22 SA, le risque fœtal est de faible à inexistant.

L’essentiel des transmissions maternofoetales a lieu en peripartum , de J-2 à J+2 autour de l’accouchement, via une mère virémique. La transmission maternofoetale dans ce cas est de 50 %. Certaines mère peuvent être asymptomatiques et le diagnostic est alors rétrospectif mais la plupart présentent un syndrome fébrile avec algies diffuses notamment arthralgies et éruption cutanée. Le nouveau-né est asymptomatique à la naissance puis présente 3 à 7 jours après sa mère une éruption avec érythrodermie, suivie de fièvre et syndrome algique, puis des signes digestifs (refus de téter, diarrhées), et enfin des œdèmes importants suivis de desquamation des extrémités. Il peut exister des complications neurologiques (convulsions, anomalies à l’examen neurologique et à l’EEG). Il peut exister des troubles de l’hémostase (CIVD) et des hémorragies intracérébrales.
La prévention repose sur la lutte antivectorielle (lutter contre les eaux stagnantes naturelles et artificielles) et la protection individuelle contre les moustiques.

Le West Nile Virus

Il s’agit d’un arbovirus du genre Flavivirus, transmis par piqûre de la femelle moustique Culex, dont le réservoir est représenté par des oiseaux sauvages et migrateurs, et dont l’homme et le cheval sont des hôtes accidentels.

Cette pathologie est épidémique en Asie, Afrique, Moyen-Orient et Europe Centrale, mais également les USA ainsi que le pourtour méditerranéen de la France depuis les années 2000. Sur le plan clinique, les formes sont asymptomatiques dans 80 % des cas et dans les autres cas, il s’agit d’une fièvre élevée brutale avec céphalées, syndrome algique, adénopathies cervicales et complications neurologiques à type de méningoencéphalite dans 1 % des cas. La transmission maternofoetale serait possible mais très rare. Lors du premier trimestre de grossesse, il existerait un risque accru d’avortements spontanées, mais également il existe des cas rapportés de nouveaux-nés vivants et en bonne santé, de mère ayant présenté une méningoencéphalite à West Nile virus en début de grossesse. L’infection congénitale serait possible mais très rare, avec un syndrome malformatif notamment de l’encéphale. La transmission maternofoetale dans le dernier mois de la grossesse avec tableau neurologique central sévère chez le nouveau né a également été décrite.
Le faible risque de transmission est probablement dû à une virémie faible chez la mère. La prévention repose également sur la lutte antivectorielle et la protection individuelle contre les moustiques.

L’encéphalite japonaise

Cette infection à Flavivirus a une très large répartition géographique en Asie et entraine de graves manifestations neurologiques, qui surviennent chez 1 sujet infecté sur 25 à 1000. Il s’agit de la première cause d’encéphalite en Asie. Les cas de transmissions maternofoetales sont rares Il existe un risque de perte fœtale majeure en première moitié de grossesse. Les mères infectées en deuxième partie de grossesse ont donné naissance à des nouveaux-nés en apparence sains. Il existe un vaccin disponible dans plusieurs pays d’Asie.