Lumière sur

Tous les « Lumière sur »
Pictogramme horloge Mars 2016

La recherche d’anticorps anti-nucléaires (AAN) est un examen clé dans la démarche diagnostique des connectivites ou maladies rhumatismales chroniques systémiques ; leur recherche doit se faire par immunofluorescence indirecte (IFI) sur cellules Hep2 (technique de référence). Elle s’effectue en 2 étapes : une étape de dépistage puis une étape de titrations, le résultat devant comporter à la fois le titre (80 ; 160…) et le ou les aspect(s) de fluorescence (homogène, moucheté, nucléolaire, …)

L’aspect DFS70, récemment décrit, est caractérisé par un marquage granulaire dense des noyaux en interphase et des chromosomes condensés en mitose d’où leur nom Dense Fine Speckled (DFS).

img-lguis

 

Ces anticorps semblent être retrouvés avec une plus grande prévalence dans de nombreuses situations inflammatoires (dermatites atopiques 71%, panuvéites granulomateuses 69%, cystites interstitielles 5%…) mais également chez les sujets sains (9%). Par contre ils semblent moins fréquents chez les patients atteints de connectivites telles que le Lupus érythémateux systémique (2%), le syndrome de Gougerot Sjogren (2.6%)…

 

Nous avons récemment mené une étude portant sur 12 619 demandes d’AAN afin de déterminer la prévalence de cet aspect de fluorescence et son association éventuelle avec un contexte de connectivite. Sur ces 12 619 sérums, 46.1%(5 820/12 619) avait des AAN positifs à un titre significatif (dilution >=1/160) et la prévalence de l’aspect DFS70 était de 1.5% (83/5 820).

Il est également intéressant de noter que près de 90% des aspects DFS70 avaient un titre élevé (>= 320). Parmi les 83 sérums présentant cet aspect de fluorescence, seul 1 sérum (1.2%) avait également des anticorps anti-ADN double brin et appartenait à une patiente suivie pour un contexte de Lupus érythémateux systémique.

Nos résultats sont donc concordants avec les dernières données de la littérature concernant cet aspect et tendent à montrer qu’en l’absence d’autres anticorps spécifiques (anti-ADNdb, Sm, SSA…), l’aspect DFS70 ISOLE n’est pas en faveur d’un contexte de connectivite, même s’il ne peut l’exclure à 100%. L’identification de cet aspect est donc important à notifier et pourrait même être proposée dans les algorithmes d’identification des AAN d’autant que le suivi pendant 5 ans des sujets sains présentant de tels anticorps a montré l’absence d’évolution vers un profil de connectivite.


Bibliographie

  • Le point sur les anticorps anti-DFS70
    Coito S. ; 8e colloque Groupe d’Etude en Auto-Immunité 2012 ; p7-11.
  • Importance of the Dense fine speckled pattern on Hep-2 cells and anti-DFS70 antibodies for the diagnosis of systemic autoimmune diseases
    Mahler M et al. ; Autoimmunity Reviews 11 (2012) p 642-645.