Lumière sur

Tous les « Lumière sur »
Pictogramme horloge Mars 2018

Quelques examens hématologiques et biochimiques simples, associés à la connaissance du contexte clinique et familial, permettent le plus souvent un diagnostic d’hémoglobinopathie, par une analyse phénotypique.
En seconde intention, la caractérisation d’un variant rare nécessite parfois d’avoir recours à la biologie moléculaire pour un diagnostic génotypique.

Les hémoglobinopathies sont  divisées en deux types d’anomalies 

  • Les anomalies quantitatives, représentées principalement par les  thalassémies de type α, β (ou γ), dues à un défaut de synthèse d’une des chaînes de globine. Il s’agit de thalassémies alpha si le défaut de synthèse porte sur la chaîne alpha ou de bêta thalassémies lorsqu’il porte sur la chaîne bêta.
  • Les anomalies qualitatives : synthèse d’une hémoglobine anormale (ou variant de l’hémoglobine) : HbS, HbC, HbE, … résultant en général d’une mutation ponctuelle sur un gène (plus de 1500 mutations sont répertoriées à ce jour).

Circonstances de recherche d’une hémoglobinopathie

La recherche d’une anomalie de l’hémoglobine est très souvent réalisée à la suite de la découverte d’une anémie hémolytique ou d’une microcytose  isolée sans carence martiale avérée,  mais aussi devant une polyglobulie ou encore lors de la découverte d’anomalies morphologiques des hématies. Elle peut être demandée dans un contexte d’enquête familiale, chez des patients ayant une origine ethnique ou géographique « à risque », dans un contexte de dépistage néonatal ou, plus rarement, en cas de découverte fortuite d’un variant lors d’un dosage d’HbA1c ou devant des signes clinico-biologiques d’hémolyse (splénomégalie, LDH élevées, bilirubine élevée ou chute de l’haptoglobine, …).

Le diagnostic d’une hémoglobinopathie repose sur :

  • La connaissance de l’origine géographique du patient, les renseignements cliniques et thérapeutiques (traitement par un inducteur de l’HbF comme l’hydroxyurée ou l’érythropoïétine ?), les antécédents familiaux, les donnés hématologiques avec hémogramme réalisé à distance de toute transfusion récente (4 mois) : GR, Hb  et indices érythrocytaires (VGM et TCMH), ainsi que le bilan martial et, si possible, les dosages de vitamine B12/folates.Il faut interpréter les résultats de la NFS en fonction de l’âge (notamment pour le VGM), mais aussi bien avoir à l’esprit que la première cause de microcytose (au niveau mondial) est la carence martiale (et non les anomalies de l’hémoglobine).  Lors d’une suspicion de carence martiale, il est conseillé de refaire l’électrophorèse de l’Hb, 3 mois après correction d’une éventuelle carence en fer, notamment pour exclure une bêta thalassémie mineure.

 

  • Le respect des conditions préanalytiques est indispensable : le prélèvement de choix est un échantillon de sang total recueilli sur EDTA, dont la stabilité ne dépasse pas 7 jours à température réfrigérée. Au-delà, peuvent apparaître des fractions d’hémoglobine dégradées qui empêchent une interprétation correcte des résultats. Toute congélation ou conservation dans la glace doit être proscrite afin d’éviter l’hémolyse.

 

  • L’étude de l’hémoglobine : elle repose sur des techniques de première intention, constituant le diagnostic phénotypique. Selon le code 1120 de la NABM française : «  un bilan standard pour la recherche d’une anomalie de l’hémoglobine » doit comprendre 3 techniques phénotypiques distinctes dont au moins une technique électrophorétique. Il s’avère essentiel d’utiliser des techniques performantes et complémentaires pour détecter et reconnaître les thalassémies, mais aussi les principaux  variants d’intérêts clinique. Autrement dit, en présence d’un variant d’hémoglobine, 3 techniques sont obligatoires pour confirmer l’identification de ce variant, qu’elles soient de type séparative  (techniques d’électrophorèse, Chromatographie liquide haute performance (CLHP)) ou non. Au laboratoire Eurofins-Biomnis, nous utilisons une technique d’électrophorèse capillaire comme technique de première intention. Si un variant est détecté, il sera confirmé par CLHP et électrophorèse sur gel à pH acide, l’objectif étant de caractériser de façon certaine les HbS, HbC et HbE, qui sont les variants les plus fréquemment rencontrés en pratique clinique courante, et de permettre le dépistage d’un variant « rare ».Il existe également des techniques spécialisées de biologie moléculaire, dites de seconde intention, qui permettent de confirmer ou caractériser le variant  « rare » détecté par étude phénotypique. Elles permettent également un conseil génétique des couples à risque d’hémoglobinopathies pour leurs enfants. Le consentement éclairé du patient (ou des parents pour un mineur) est indispensable pour la réalisation du diagnostic génotypique.

Pour en savoir plus

 

  1. Baudin B. Les maladies de l’hémoglobine. Rev Fr Laboratoires 2016;481:25-41.
  2. Couque N. De Montalembert M. Diagnostic d’une hémoglobinopathie. Feuillets de Biologie 2013; LIV(311):5-17.
  3. Aguilar-Martinez P, Badens C, Bonello-Palot N, Cadet E. Arbres décisionnels pour le diagnostic et la caractérisation moléculaire des hémoglobinopathies. Ann Biol Clin 2010;68 (4):455-64.