Lumière sur
Tous les « Lumière sur »Quelques années après l’émergence d’une souche épidémique hypervirulente de Clostridium difficile (souche 027) en 2006, l’incidence des ICD continue à augmenter mettant au premier plan l’importance d’un diagnostic rapide et fiable selon les recommandations du Haut Conseil de la santé publique.
Quelles sont les méthodes diagnostiques les plus appropriées à mettre en œuvre en 2013 face à une prescription de « recherche de Clostridium difficile » ?
Clostridium difficile est le principal entéropathogéne responsable de diarrhées nosocomiales post-antibiotiques et de colites pseudomembraneuses dont les complications sont sévères voire mortelles. Son implication ne se limite pas à l’hôpital car on assiste à une augmentation des ICD communautaires. Seules les souches productrices de toxines sont pathogènes : les toxines A et B (tcdA et tcdB), facteurs de virulence avec prépondérance des souches A-/B+ et la toxine binaire souvent associée à des formes sévères et considérée comme facteur prédictif de récidive.
Le diagnostic microbiologique d’une ICD repose :
- Sur la mise en évidence à partir des selles soit :
- Des deux toxines libres A et B : par tests EIA : spécifique, rapide mais peu sensible
- Des gènes codant les toxines A/B et/ou binaire directement à partir des selles diarrhéiques : par biologie moléculaire : sensible, rapide mais moins spécifique et coûteuse
- D’une enzyme la GDH (glutamate déshydrogénase) produite par les souches de C. difficile :
par tests EIA : sensible, rapide, excellente VPN mais peu spécifique
- Sur la mise en évidence du caractère toxinogène d’une souche isolée en culture : méthode de référence, sensible, moins spécifique, long (> 48-72h), permet de réaliser l’antibiogramme et de typer les souches
Il est important de rechercher à la fois les toxines libres dans les selles et la présence de souches toxinogènes.
Aucune de ces méthodes en raison de leurs caractéristiques évoquées ci-dessus ne permet de diagnostiquer une ICD de façon rapide et fiable pour un coût raisonnable : les recommandations européennes et américaines préconisent un algorithme en deux voire trois étapes pour un diagnostic optimal :
Test 1
GDH ou PCR (tcdB + toxine binaire)
Test 2
Toxine libre dans les selles
Test de référence : culture toxinogène
Algorithme de diagnostic des ICD d’après 1 et 3
(VPP : valeur prédictive positive. VPN : valeur prédictive négative)
A l’hôpital
Le diagnostic d’ICD est à faire systématiquement, même sans prescription :
- Sur des selles exclusivement diarrhéiques
- Chez des patients symptomatiques hospitalisés depuis plus de 3 jours
- La répétition du test est inutile
En ville
La recherche de Clostridium difficile se fait sur prescription explicite.
Pour en savoir plus
- Eckert C., Lalande V., Barbut F.
Diagnostic des infections à Clostridium difficile.
Journal des anti-infectieux 2011 ; 13 :67-73. - Le Guern R., Wallet F. :
Diagnostic de l’infection à Clostridium difficile au laboratoire.
Annales de Biologie Clinique 2013 ; 71(4) :395-400. - Crobach MJ, Dekkers OM, Wilcox MH et al.
European Society of Clinical Microbiology and Infectious Diseases: data review and recommendations for diagnosing Clostridium difficile-infection.
Clin Microbiol Infect 2009; 15(12):1053-66. - Barbut F.
Prévalence des infections Cl. difficile (CD) chez les patients hospitalisés avec une diarrhée : résultats d’une étude bi-annuelle prospective.
Prix RICAI 2013 dans le domaine clinique. - Diagnostic des infections à Clostridium difficile (ICD) : apport des nouveaux tests Liaison® C.difficile Toxines A et B et Liaison® C.difficile GDH.
C. Coignard, TD LY
53ème RICAI, Paris, 21-22 novembre 2013