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Les myopathies auto-immunes inflammatoires sont un groupe de maladies systémiques auto-immunes comprenant 3 entités cliniques distinctes : les polymyosites (PM), dermatomyosites (DM) et myosites à inclusions. Si les critères de classification sont essentiellement basés sur les manifestations cliniques, des auto-anticorps (Ac) ont été décrits et peuvent néanmoins être très utiles au diagnostic des PM et DM. Il convient alors de distinguer les auto-anticorps spécifiques de ces myosites, de ceux associant myosite et autre maladie auto-immune, que l’on appellera “syndrome de chevauchement”.

Polymyosites

Cliniquement, les PM sont caractérisées par l’association : myopathie inflammatoire, pneumopathie interstitielle, polyarthrite, et manifestations cutanées de type phénomène de Raynaud et  hyperkératose fissuraire (ou “main de mécanicien”).

Sur le plan biologique, les Ac les plus fréquemment rencontrés au cours de ces PM sont les anti-ARNt synthétases d’où la terminologie de “syndrome des anti-synthétases” (SAS) ; ces auto-Ac, dont le chef de file est l’anti-Jo1, vont donner une fluorescence cytoplasmique en Immunofluorescence indirecte (IFI) sur cellules Hep2/200. Le groupe des anti-synthétases comprend également : les anti-PL7, PL12, EJ et OJ.

Si la présence d’un anti-synthétase est suspectée en IFI, elle devra impérativement être contrôlée par une technique de confirmation (Immunodot, ELISA…).

Dans certains cas, ces polymyosites peuvent être associées à une autre maladie auto-immune, on parlera alors de “syndrome de chevauchement”.

L’anti-PM/Scl (reconnaissant les protéines PM75 et PM100) est un Ac très utile au diagnostic de « scléromyosite » (polymyosite + sclérodermie) ; en IFI, il pourra être suspecté par son aspect moucheté nucléolaire sur Hep2/2000 mais là aussi devra être confirmé par une autre technique.

L’anti-Ku est lui aussi retrouvé au cours de contexte de scléromyosite ou d’association lupus/myosite mais n’est par contre pas spécifique (positivité au cours d’autres maladies auto-immunes).

Dermatomyosites

Cliniquement les DM associent myosite et signes cutanés caractéristiques : oèdèmes périorbitaires, maculo-papules violacées aux articulations (signe de Gottron) et érythème du décolleté ou du dos. Le chef de file des DM est l’anti-Mi2, donnant un aspect moucheté finement granulaire en IFI et très spécifique des DM ; la DM a anti-Mi2 est de meilleur pronostic que le SAS.

D’autres anticorps peuvent se rencontrer au cours de contexte de dermatomyosite : les anti-MDA5 (avec lesquels les atteintes musculaires sont souvent modérées et pour lesquels les atteintes cutanées et pulmonaires vont prédominer), TIF1ϒ (souvent associés à un contexte néoplasique : cancer du poumon, sein ou ORL), les anti-NXP2 ou P140/MJ (associés à des contextes de dermatomyosites juvéniles)…

Cliniquement, ces myopathies se distinguent par des atteintes myogènes particulièrement sévères (augmentation très importante des enzymes musculaires), d’installation aigüe,  au cours desquelles les manifestations extra-musculaires sont moins fréquentes.

Deux type d’auto-Ac ont été décrits dans ces myosites : l’anti-SRP (donnant un aspect cytoplasmique finement granulaire vacuolisé en IFI) et récemment, l’anti-HMGcoA reductase (initialement mis en évidence chez des patients ayant été traités par statines, ces Ac ont également été mis en évidence chez des patients naïfs de tout traitement par statines).

Myopathies nécrosantes

Comme souvent en auto-immunité, il est primordial de toujours corréler les résultats de l’IF, aux techniques de confirmations au contexte clinique, anatomopathologique et à l’ensemble du bilan biologique (élévation des enzymes musculaires : CPK, aldolase), le dialogue clinicien-biologiste étant la clé de voute d’un diagnostic réussi.


Bibliographie

  • Sibilia J, et al. Comment faire le diagnostic et mieux comprendre les myopathies inflammatoires ? L’utilité des auto-anticorps. La Presse Médicale, n°10, p 1010-25.Octobre 2010.
  • Fabien N. Anticorps des myopathies auto-immunes : actualités des techniques de détection et intérêt clinique. 9ième Colloque GEAI 2016.