Les papillomavirus sont au premier rang des agents infectieux responsables de cancers en France, ce qui représente plus de 6000 cancers, dont 3000 cancers du col de l’utérus (CCU) et environ 1100 décès chaque année. L’âge moyen au diagnostic du CCU est de 51 ans ; dans 85 % des cas, il s’agit de carcinomes épidermoïdes et, dans 15 % des cas, d’adénocarcinomes.
Huit femmes sur 10 seront exposées à un HPV au cours de leur vie et le CCU représente la 12e cause de cancer de la femme (données SP France).
Ce cancer est lié à la présence et à la persistance d’un papillomavirus à haut risque ou HPV-HR. Du fait de son évolution lente et de l’existence de lésions pré-cancéreuses curables, le CCU peut être dépisté à un stade précoce et être prévenu par la détection des lésions qui le précèdent et par la vaccination. Il s’agit donc d’un cancer évitable.
Les papillomavirus
Les papillomavirus sont des virus non cultivables, à ADN circulaire. Ils ont un tropisme cutané (verrues) et muqueux (génital, ORL, anal, etc.). Environ 120 sous-types de Human Papillomavirus (HPV) sont aujourd’hui connus, dont une quarantaine susceptible d’infecter les muqueuses humaines.
L’International Agency for Research on Cancer (IARC) a classé les HPV selon leur potentiel oncogène :
- Groupe 1, oncogène : 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59,
- Groupe 2A, probablement oncogène : 68
- Groupe 2B, possiblement oncogène : 26, 53, 30, 34, 66, 67, 69, 70, 73, 82, 85, 97
- Groupe 3 : non classable comme oncogène : 6, 11.
Les HPV sont responsables de 100 % des cancers du col de l’utérus (CCU), de plus de 90 % des cancers anaux, 50 % des cancers péniens, 25 % des cancers vulvaires, 78 % des cancers du vagin et environ 30 % des cancers de l’oropharynx. D’où l’intérêt du dépistage et de la vaccination, moyens de lutte efficaces qu’il convient de généraliser.
- Les HPV 16 et 18 sont responsables de 70 % des cas de CCU.
- Les HPV 31, 45, 52, 33 sont responsables de 20 % des cas de CCU.
- Les HPV 35, 56, 58, 59, 66, 68 sont responsables de 7 % des cas de CCU.
Histoire naturelle de l’infection à HPV
L’infection à HPV est une infection courante et banale : 70 % des femmes seront contaminées par un HPV au cours de leur vie. L’infection se transmet par contact sexuel, le virus est extrêmement contagieux et la contamination est le plus souvent très précoce, avec un pic de prévalence entre 15 et 25 ans.
Le virus est éliminé naturellement dans 85 à 90 % des cas en 12 à 18 mois. Mais, dans 3 à 10 % des cas, l’HPV persiste et conduit au développement de lésions dites de bas grade. Ces lésions, lorsqu’elles sont dépistées, ne sont généralement pas traitées mais surveillées, car elles régressent spontanément dans environ deux tiers des cas. Seul un petit nombre d’entre elles vont évoluer vers une lésion de haut grade, puis une néoplasie intra-épithéliale, selon le type viral infectant, et selon certains co-facteurs.
Ces co-facteurs sont mal connus mais peuvent être liés à l’hôte (toutes les causes de dépression immunitaire notamment la grossesse, d’autres infections en particulier l’infection par HIV) et à l’environnement (tabagisme, contraception orale). L’ensemble du processus se déroule sur 5 à 20 ans.
Il existe une certaine correspondance entre les aspects cytologiques et histologiques dont les classifications sont rapportées ci-après.
Classification cytologique de Bethesda (version 2014)
Elle décrit les anomalies cervicales en particulier des cellules malpighiennes :
- ASC-US : atypies cellulaires de signification indéterminée ;
- ASC-H : atypies cellulaires ne pouvant exclure une lésion de haut grade ;
- LSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de bas grade
- HSIL : lésion malpighienne intra-épithéliale de haut grade (incluant les carcinomes in situ) ;
- carcinome malpighien.
Classification histologique CIN (cervical intraepithelial neoplasia)
- CIN 1 : dysplasie légère,
- CIN 2 : dysplasie modérée,
- CIN 3 : dysplasie sévère et carcinome in situ.